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Photo du rédacteurPierre SUAIRE

Bélisaire et la bataille de Tricaméron (15 décembre 533)

Dernière mise à jour : il y a 10 heures

Le 15 décembre 533, la grande bataille de Tricaméron oppose les troupes vandales et les armées byzantines, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Carthage, dans le nord de la Tunisie actuelle. Cette bataille représente un tournant dans l’histoire de l’empire romain d’Orient, qui, grâce à cette victoire décisive, reprend le contrôle de l’Afrique du Nord et peut rêver de réunifier l’Imperium romanum dans son entièreté.


Lors du déclenchement de cette bataille, l’empire romain est divisé en deux parties depuis environ 150 ans : plus exactement, l’empire romain d’Orient (également dénommé Empire byzantin) voit le jour en 395, au moment de la succession de Théodose le Grand. Tandis que la partie occidentale de l’Empire s’effondre sous les invasions de multiples peuples au cours du Ve siècle, l’empire d’Orient connaît une période de prospérité économique et la situation politique est bien plus stable à Constantinople qu’à Rome. À partir du deuxième quart du VIe siècle, l’empereur Justinien cherche à rétablir la grandeur de l’empire romain, notamment par des conquêtes militaires.



La confrontation avec le royaume vandale prend des prétextes variés (persécutions religieuses, intérêts marchands, rivalités politiques avec la reine des Ostrogoths Amalasonte) et Justinien parvient à faire financer cette nouvelle grande expédition. Il charge le général Bélisaire de conquérir les terres dominées par le souverain vandale Gélimer, qui domine une large bande de terre en Afrique du Nord et des îles en Méditerranée centrale. Bélisaire parvient à briser la résistance des Vandales avec trois assauts répétés ; suite à la mort du général Tzazon, il contraint le chef Gélimer à la fuite puis quelques semaines plus tard, à la reddition. Ainsi, le territoire des Vandales devient une province byzantine et Gélimer devient une sorte de prisonnier de luxe de l’empire ; le triomphe de Bélisaire est éclatant et suscite la jalousie auprès de la cour impériale de Justinien, qui fait en sorte de récupérer les honneurs pour lui.


La bataille de Tricaméron a causé des pertes humaines relativement faibles ; une cinquantaine de Romains et près de 800 Vandales y perdent la vie. Cela dit, cette victoire byzantine a un grand retentissement puisqu’elle ouvre la voie à la reconquête de la Méditerranée occidentale, opérée notamment en Bétique et en Italie. Cependant, de nouvelles menaces endogènes et exogènes vont peser sur l’empire romain, qui connaît une nouvelle période de déclin dès la fin du règne de Justinien.


Pour aller plus loin :


* Procope de Césarée (secrétaire du général Bélisaire), Histoire de la guerre des Vandales, 551 (disponible en ligne) ;

* « 100 Decisive Battles : From Ancient Times to the Present », Paul K. Davis, Oxford University Press, 1999 ;

* « La reconquête de l’Afrique du Nord vandale par Bélisaire, 533 après J.-C. », Alain Alexandra, Centre d’études d’histoire de la Défense, 2003 ;

* « La pacification de l'Afrique byzantine 534 - 546 », Philippe Richardot, Stratégique, 2009 ;

* « Bélisaire demandant l’aumône », Cécile Galinier, Panorama de l’Art, 26 juin 2014 ;

* « Bélisaire, ou le destin du dernier grand défenseur de la romanité », Mohamed Arbi Nsiri, The Conversation, 16 décembre 2020.

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