En lien avec notre vidéo CAPES du jour sur les frontières et à l’occasion du centenaire de la proclamation de l’indépendance de l’Égypte, le 28 février 1922, revenons sur l’histoire singulière d’une « terra nullius », qui n’est revendiquée par aucun État. La région désertique du Bir Tawil est située entre Égypte et Soudan. Les frontières ont été tracées au tournant du XXe siècle par la Grande-Bretagne, qui occupe les deux pays. En 1899, un condominium anglo-égyptien dirige le Soudan, dont la frontière nord est fixée au 22e parallèle. Jusqu’en 1907, quelques modifications territoriales sont appliquées pour prendre en compte les territoires de vie de certaines tribus. Le Bir Tawil est attribué à l’Égypte tandis que le triangle voisin de Hala'ib passe sous administration soudanaise. Après les indépendances égyptienne (1922) et soudanaise (1956), les litiges frontaliers existent mais restent marginaux.
Cependant, la découverte de potentiels gisements d’hydrocarbures dans les zones maritimes de la région de Hala’ib dans les années 1990 fait que chacun des États revendique la souveraineté sur ce territoire. Ainsi, le Soudan se réfère aux modifications de 1907, tandis que l’Égypte prend comme base le partage établi en 1899. En conséquence, aucun des États n’a « intérêt » à reconnaître sa domination sur le Bir Tawil, ce qui donnerait raison à la partie adverse. Le conflit sur le triangle de Hala’ib conduit le Soudan à retirer ses troupes en janvier 2000, qui en cède le contrôle à l'Égypte, qui l'occupe depuis lors. Mais le Bir Tawil reste toujours « une terre rejetée » de part et d’autre. Le Bir Tawil est donc de facto et de jure une terra nullius, qui fait encore l’objet de revendications fantaisistes de nos jours.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture de l'étonnant livre d'Olivier Marchon, « Le Mont Blanc n’est pas en France ! Et autres bizarreries géographiques », Éditions du Seuil, mai 2013.
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