Un État, le Vatican, a à sa tête un grand chef diplomatique et spirituel : le pape. Celui-ci possède une influence disproportionnée par rapport à la taille de son pays grâce à la crédibilité médiatique et spirituelle qu’il incarne. Le Vatican joue souvent un rôle de médiateur dans les conflits, en tant qu’État neutre. À l’occasion de la sortie du film "Conclave", revenons sur le rôle de ce petit État dans les conflits. Nous verrons d’abord sa place historique, puis les enjeux contemporains auxquels il fait face, avant de nous intéresser à la place du Vatican dans les médias.
Historiquement, le Vatican a joué un rôle central dans les conflits grâce à sa fonction de médiateur spirituel. En tant que cœur de la religion chrétienne, le Vatican défend des valeurs de paix et de vivre-ensemble, ce qui va à l’encontre des guerres. Il se positionne comme arbitre impartial pour favoriser des accords de cessez-le-feu entre les belligérants. Ce rôle de médiation est très ancien. Au Moyen Âge, les papes négociaient déjà des traités de paix entre royaumes chrétiens. Le pape Alexandre VI a contribué au partage des territoires du Nouveau Monde entre l’Espagne et le Portugal, évitant ainsi une crise politique majeure et une guerre entre ces deux puissances.
Au XXᵉ siècle, en plein cœur de l’Italie fasciste et sous l’occupation allemande, le Vatican a dû marcher sur une ligne étroite. Bien qu’il n’ait pas condamné directement le nazisme, il a utilisé ses réseaux pour organiser des actions humanitaires discrètes. Accusé de silence face à l’Holocauste, Pie XII a néanmoins autorisé l’utilisation de monastères et d’églises pour cacher des juifs et des résistants, notamment à Rome. Par exemple, environ 4000 personnes auraient été protégées dans des institutions religieuses de la ville. Le Vatican a aussi tenté d’être un médiateur entre les alliés et les forces de l’Axe, mais son influence s’est heurté à la méfiance des belligérants.
Lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, Le pape Jean XXIII a joué un rôle important en envoyant une lettre à Nikita Khrouchtchev et à John F. Kennedy pour promouvoir un dialogue pacifique. Grâce à son statut neutre, le Vatican a pu influencer les 2 parties sans être accusé de parti pris. Les nonciatures apostoliques (ambassades du Vatican) permettent également de maintenir des canaux de communication même lorsque les relations diplomatiques entre états sont rompues. Pendant la guerre Froide, la nonciature du Vatican en Pologne a permis un dialogue indirect entre l’église catholique et le régime communiste.
Le Vatican continue d’agir activement dans les conflits contemporains, souvent sur des questions de paix, d’écologie et de droits humains. En 2015, le pape a contribué au rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les états-unis. Le Vatican a organisé des rencontres secrètes entre les 2 pays et permis des dialogues ouverts et pacifistes. En Amérique latine, région d’origine du pape François, le Vatican agit pour apaiser les conflits, notamment au Venezuela et en Colombie. En 2022, dans le contexte de la guerre en Ukraine très médiatisé, le Vatican a offert sa médiation à l’Ukraine et à la Russie, bien que son rôle a été limité à cause de divergences idéologiques, les 2 pays sont en majorités des orthodoxes ils accordent une importance moindre au pape qui n’est pas quelqu’un de très influent dans leur courant religieux, il en reste un signe puissant sur la scène internationale.
Le Vatican milite activement pour la défense des migrants et l’amélioration de leurs conditions de vie. Il plaide pour le désarmement nucléaire, appelant à la signature d’accords garantissant que ces armes ne soient pas utilisées. De sortie de grandes puissances, comme les États-Unis et la Russie, de certains traités accentue cependant le risque d’un recours à ces armes. La neutralité du Vatican est parfois contestée lorsqu’il intervient dans des conflits où des catholiques sont présents des deux côtés, comme en Europe de l’Est ou au Moyen-Orient. Il agit également dans des contextes où la religion est source de tensions, comme en Afrique subsaharienne, où les affrontements entre catholiques et musulmans provoquent des violences meurtrières.
Le rôle du Vatican et de l’Église est sujet à des représentations diverses dans les médias, souvent polarisées. Chaque action du pape – rencontres diplomatiques, discours ou visites – est largement médiatisée, renforçant son image de médiateur en temps de conflit. Les médias mettent en avant les actions humanitaires de l’Église, notamment à travers des associations caritatives comme Caritas. Le Vatican est parfois accusé de ne pas agir suffisamment, comme lors de la Shoah ou face à des dictatures modernes. Les abus sexuels commis par des membres de l’Église, les affaires financières ou encore des prises de position controversées sur des sujets comme l’homosexualité ou la transidentité alimentent une opinion publique négative.
Avec le pape François, le Vatican tente de moderniser son image, en prônant une Église plus ouverte et tolérante envers les femmes, les autres religions et les orientations sexuelles. Le Vatican a souvent servi de décor dans des œuvres de fiction, comme "Les Deux Papes" ou "Conclave", qui explorent les intrigues internes de l’Église. Bien que romancées, ces productions contribuent à entretenir une image mystique et complexe du Vatican. Le Vatican a toujours joué un rôle important dans les conflits, agissant comme médiateur pour favoriser la paix. Toutefois, face aux défis contemporains, son influence reste limitée et soumise à de vives critiques. Malgré cela, il conserve une image symbolique de paix et de spiritualité, en grande partie grâce à ses initiatives humanitaires et sa visibilité médiatique.
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